Par Mamadou SOW
PARIS — Dans un monde où la mondialisation menace l’effacement des langues autochtones, une communauté dynamique en France se mobilise pour défendre un trésor linguistique d’Afrique de l’Ouest. Du 23 au 28 septembre 2025, la diaspora soninké organise la « Semaine de la Langue Soninké », une série d’événements à travers la région parisienne et au-delà, qui culminera avec la Journée Internationale de la Langue Soninké. Portée par l’Association pour la Promotion de la Langue et de la Culture Soninké (A.P.S.), cette fête vise à préserver et promouvoir la langue soninké, parlée par des millions de personnes au Mali, au Sénégal, en Mauritanie et dans d’autres régions du Sahel, à travers des projections de films, des danses, des débats littéraires et des discussions sur l’innovation numérique.
Les Soninké, connus historiquement comme des commerçants et bâtisseurs d’empires dans l’ancien Empire du Ghana, ont toujours compté sur des traditions orales transmises par les griots — ces poètes, musiciens et historiens itinérants qui tissent les fils de la mémoire collective. Aujourd’hui, avec une grande partie de la communauté vivant en diaspora en Europe, ces événements agissent comme un pont entre les racines ancestrales et la vie moderne. « Cette semaine, c’est avant tout une histoire de transmission : de la mémoire, des mots et de la culture », confie un organisateur de l’A.P.S., capturant l’essence même du programme. Imaginez des rires partagés autour d’un djembe, des récits émouvants qui traversent les générations, et des jeunes qui redécouvrent leur héritage via des tablettes numériques — c’est l’âme de cette célébration.
Tout commence le mardi 23 septembre avec un double accent sur la littérature et le cinéma. À Paris, au 4 boulevard de Rochechouart, dans les locaux de l’Union de la Jeunesse Internationale, un « Café Littéraire » de 18h à 21h explorera le thème de « La Transmission ». Des écrivains soninké comme Tumbe Mahany Konate, Hawa Diabira, Assida Traoré, Boubacar Diakité et Diadié Dembele partageront leurs découvertes, modérés par Mama Doucouré. « Venez échanger autour des écrivains soninké, dans un espace convivial pour parler littérature, mémoire et héritage culturel », invite le flyer. L’entrée est libre, pour que tout le monde puisse s’y sentir chez soi.
En parallèle, à Trappes, au sud-ouest de Paris, le Cinéma Omar Sy, au 1 rue de l’Abreuvoir, projettera « Ganda », un film d’Ousmane Diagana, de 17h30 à 19h30. Ce documentaire poignant raconte l’histoire inspirante de Ganda Fadiga, surnommé « Le Dernier Griot », un voyage au cœur de la mémoire, de la parole et de la transmission. Pour plus d’infos, contactez Samba Niangane au 06 99 30 45 48. Comme pour la plupart des événements, l’entrée est gratuite, une façon de rendre la culture accessible, sans barrières.
Le mercredi 24 septembre, le rythme s’empare de Montreuil, à l’est de Paris. À l’Espace Romain Rolland, 56 rue des Blancs Vilains, l’Association Taguerane propose une « Initiation à la Danse Soninké » de 14h à 17h. Plongez dans les rythmes du djembe et initiez-vous à la danse soninké — un moment de partage, d’énergie et de sourires pour tous ! Inscriptions au Centre Social Esperanto au 01 71 89 25 18. Cet événement public dans un centre communautaire rappelle comment la culture soninké vit à travers le corps et le mouvement, loin des livres poussiéreux.
Le jeudi 25 septembre transforme Saint-Denis, banlieue nord au riche passé immigré, en un foyer de célébrations multiples. De 14h à 20h, « Un Village Soninké à Saint-Denis » au 1 rue de la Légion d’Honneur recreée l’atmosphère d’un village traditionnel : démonstrations du savoir-faire des forgerons, initiations au rôle de chef de village, lectures de littérature et poèmes, ballets, projection du film « Tanbo Bure » de Dahaba Siby suivie d’un débat, stands sur la santé, le bien-être, la mode et les accessoires, et une exposition par Sooninkara Taalibo. Mama Sylla en marraine, avec Oumar Sakho et Diabé Bathily comme parrains, ajoutent une touche personnelle. Entrée gratuite, bien sûr.
Toujours le 25, à Paris, l’inauguration de la Place Ganda Fadiga aura lieu à 14h rue Myrha et rue Léon, dans le 18e arrondissement. À Montreuil, une initiation à la danse soninké et une exposition photo se tiendront de 14h à 17h au Centre Social Esperanto, place Le Morillon. Et à Saint-Denis, une autre projection de « Tanbo Bure » est prévue de 18h à 21h à la Salle de la Légion d’Honneur, 6 rue de la Légion d’Honneur, présentée par Dahaba Siby et suivie d’un débat animé.
Le clou du spectacle arrive le vendredi 26 septembre avec la « Célébration de la Journée Internationale de la Langue Soninké » au siège de l’UNESCO, 125 avenue de Suffren, dans le 7e arrondissement de Paris. De 9h à 21h, sous le thème « Impact des Technologies Numériques sur la Préservation et la Promotion de la Langue Soninké », l’événement — baptisé « Sooninkannxannen Kootaloogonte » — examinera comment les applications, les plateformes en ligne et l’intelligence artificielle peuvent sauver les langues en danger. Des enfants en tenues traditionnelles tenant des tablettes symbolisent ce mariage entre héritage et modernité. Un QR code sur les affiches renvoie à plus de détails, et l’événement sera transmis en direct pour toucher un public mondial.
Le samedi 27 septembre met l’accent sur la communauté et la culture. À Aulnay-sous-Bois, une « Journée Ganda Fadiga et Soirée » commence à 14h au 27 boulevard André Citroën. À Évry-Courcouronnes, l’Association Club Kande Bah Sylla organise un événement à partir de 14h à la Salle Claude Nougaro, 10 rue du Marquis des Raies, contribuant à la construction du premier Musée Soninké. Des stands proposeront des spécialités soninké comme les payantes, des histoires, des chorales, des danses et plein de surprises ! Entrée gratuite ; contactez le 06 59 17 26 59 ou le 07 67 87 70 66 pour en savoir plus.
Le congrès de l’Association Sironde Kaffo s’étend du 27 au 28 septembre à Pré-Saint-Gervais, à partir de 14h le 27 au 30 avenue Jean Jaurès.
Enfin, le dimanche 28 septembre clôt la semaine avec le « Salon Soninképhile » à Paris, de 10h à 19h à la Maison de la Conversation, rue Maurice Grimaud, dans le 18e. Une « Tontine JILSo » privée suit de 14h à 22h à Changis-sur-Marne.
Des événements privés émaillent le calendrier, comme une rencontre sur l’économie et l’investissement le 24 septembre à la Mairie de Paris Centre, ou la tontine du 28, reflétant l’esprit entrepreneurial de la communauté.
Tout au long de la semaine, La Chaîne Soninké couvrira tous les événements, permettant à ceux qui ne peuvent pas se déplacer de vivre l’expérience en virtuel. Pour les dernières mises à jour, les horaires et les inscriptions, rendez-vous sur www.lachainesoninke.fr. L’événement à l’UNESCO le 26 septembre sera diffusé en direct, élargissant son rayonnement.
À une époque où l’UNESCO estime que la moitié des 7 000 langues du monde pourraient disparaître d’ici la fin du siècle, des initiatives comme celle-ci soulignent le pouvoir des communautés à préserver leur diversité. Comme le dit un poster : « Plongez dans les rythmes du djembe » — une invitation à tous pour plonger dans ce qui fait vibrer l’humanité.








